Monday, December 14, 2009

A Remarkable Testimony

In 1993, to mark the tenth anniversary of the death of Leopold III, one of his intimates, the internationally acclaimed scientist Christian de Duve (winner of the 1974 Nobel Prize for Physiology or Medicine), published a remarkable tribute ("Un grand seigneur droit et généreux") to the late King in La Libre Belgique. It caused gnashing of teeth in certain quarters.
Un souvenir domine et résume tous ceux que je conserve précieusement de mes rencontres avec le roi Léopold. Celui d'un grand seigneur. Déjà sa prestance physique en imposait. Quand il entra dans une pièce, tout se rapetissait autour de lui. Il parlait peu et n'élevait jamais la voix. Mais personne n'aurait osé l'interrompre quand il prenait la parole. Il fixait son interlocuteur d'un regard bienveillant où perçait l'ombre d'un sourire teinté d'ironie. Mais il fallait pas s'y méprendre. Si d'aventure quelqu'un ou quelque chose suscitait son indignation, sa nuque se raidissait, ses yeux prenaient une lueur d'acier. Sa voix, toujours aussi douce, créait une distance invisible et, sans perdre de sa parfaite courtoisie, il mettait fin à l'entretien.
Grandeur morale aussi. Le mot "compromis", si nécessaire cependant dans la pratique politique quotidienne, ne faisait pas partie de son vocabulaire. Une chose était juste et s'imposait, ou elle était injuste et donc inacceptable. Je soupçonne qu'une de ses grandes consolations après les épreuves qu'il dut subir fut qu'une fois privé des devoirs de sa charge, il put se permettre le luxe d'être entièrement lui-même. Ce qui ne l'empêchait pas de suivre avec inquiétude et pessimisme les compromissions, les lâchetés, les malhonnêtetés ou, tout simplement, les faiblesses de certains dirigeants. Il tenait profondément à la Belgique, à laquelle il restait lié par son serment constitutionnel, et il souffrait de la voir de plus en plus divisée.
Curiosité, enfin, pour toutes les choses de la nature.
Heureux ceux qui ont eu le privilège de participer à un de ces rares moments où le Roi se laissait aller à parler de ses expéditions, des ses recherches, de ses lectures.
Heureux ceux aussi qui ont eu l'honneur de lui exposer leurs travaux et à répondre à ses interrogations, toujours pertinentes et bien informées. Heureux ceux qui ont pu voir les innombrables cahiers dans lesquels il a noté durant toute sa vie, d'une écriture admirable de finesse et de régularité, tout ce qui l'avait intéressé- et aussi, hélas! tout ce qui l'avait déçu ou tourmenté.
Oui, le Souverain disparu il y a voici dix ans était un grand seigneur. Il était aussi un personnage profondément humain et généreux, ne connaissant ni la haine, ni la méchanceté, ni la soif de vengeance, tout en restant scrupuleusement droit, honnête et intransigeant sur les principes.
*** 
One memory dominates and resumes all those I conserve preciously of my meetings with King Leopold. That of a grand seigneur. His sheer physical presence was imposing. When he entered a room, everything around him seemed to shrink. He said little and never raised his voice. But no one would have dared to interrupt him when he began to speak. He fixed his interlocutor with a kind look, pierced by the shadow of a smile tinted with irony. But make no mistake. If something or someone happened to arouse his indignation, his neck stiffened, his eyes took on a steely glint. His voice, still as gentle as before, created an invisible distance and, without losing his perfect courtesy, he put an end to the meeting. 
Moral grandeur, too. The word "compromise," although so necessary in daily practical politics, was not part of his vocabulary. Something was just and had to be done, or it was unjust and therefore unacceptable. I suspect that one of his great consolations, after the ordeals he had to endure, was that, once he was deprived of the duties of his charge, he could permit himself the luxury of being entirely himself. But this did not prevent him from following, with anxiety and pessimism, the compromises, the  acts of cowardice and dishonesty, or simply the weaknesses of certain politicians. He deeply loved Belgium, remaining bound to it by his constitutional oath, and he suffered to see it more and more divided. 
Curiosity, finally, for all the things of nature.
Happy those who had the privilege of participating in one of those rare moments when the King let himself go, talking about his expeditions, his research, his reading.
Happy those who had the honor to explain their work to him and answer his questions, always pertinent and well-informed. Happy those who were able to see the innumerable journals where he noted, throughout his life, in a handwriting admirable for its refinement and regularity, everything that had interested him, and also, sadly! -  everything that had disappointed or tormented him. 
Yes, the Sovereign who died ten years ago now was a grand seigneur. He was also a deeply human, generous person, knowing neither hatred, nor cruelty, nor the thirst for vengeance, while remaining scrupulously upright, honest and intransigent on principles. 
(cited by Michel Verwilghen in Le mythe d'Argenteuil)  

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